Disparitions

Disparitions
D'après le récit de Sophie Calle

Version I et II





Mise en scène et scénographie: Hauke Lanz
Collaboration artistique:Sarah Antoine
Costumes:Sarah de Battice
Création lumière:Hauke Lanz

Avec : Sarah Antoine
Cédric Eeckhout



Disparitions (Version I) : Création le 18 novembre 2005, Grand Manège, Namur, Belgique
Disparitions (Version II) : Création le 20 juin 2006, Musée Félicien Rops, Namur, Belgique




Le 18 mars 1990, six tableaux de Rembrandt, Manet, Flinck et Vermeer, cinq dessins de Degas, un vase et un aigle napoléoniens furent dérobés au musée Isabella Stewaert Gardner de Boston. Isabella Stewaert Gardner qui avait vécu là avant de léguer la maison à la ville, avait expressément stipulé dans son testament que rien ne devait être touché après sa mort. A la suite du vol, les espaces que les tableaux occupaient sont donc restés vides. J’ai photographié cette mise en scène involontaire de l’absence et demandé aux conservateurs, aux gardiens et à d’autres permanents du musée de me décrire les objets disparus.

Sophie Calle, Disparitions (Actes Sud)


Les souvenirs surgissent à partir de l'absence des objets d’art, à partir des traces qu'ils ont laissés dans la mémoire des témoins qui les ont côtoyés. Une mémoire qui varie selon la sensibilité de chaque observateur. Ainsi renaissent ces peintures, ces sculptures et ces objets disparus. Mais le souvenir transforme. Il déforme même, jusqu'à faire apparaître des visions diamétralement différentes d'une même œuvre. Deux acteurs, Sarah Antoine et Cédric Eckhout habiteront ce « vide ». Une « visite guidée » pour 30 spectateurs à travers des œuvres qui ne sont plus là. Dans la pénombre, ils font réapparaître, - furtivement -, à travers des gestes, à travers les évocations et les paroles de Disparitions, des objets qui n’ont peut-être jamais existé tels quel, navigant librement entre objets réels et imaginaires. Comme pour la visite d’une exposition, le groupe de spectateurs traverse un musée aux murs nus, mais illuminé par la force de l’imaginaire.


"Dans les décors de l'expo «Objets, passeurs de mémoires», Hauke Lanz met en scène deux comédiens. Réunis autour d'un texte de Sophie Calle. (...) Deux gardiens d'un musée imaginaire - Sarah Antoine et Cédric Eeckhout, désopilants - entraînent les visiteurs dans un voyage au coeur de leur mémoire. Eclairés par le faisceau incertain de deux lampes de chantier, ils commentent avec aplomb «La Tempête sur la mer de Galilée» de Rembrandt ou le lent chemin vers la mort du «Major Davel» de Charles Gleyre. D'apparence anodine, leurs témoignages s'ébauchent peu à peu, se contredisent, se chargent d'émotions. Les fragments mémorisés ne suffisent pas à reconstruire les oeuvres. Le périple se joue des sautes de sens et des contrepoints créés, le jeu des comédiens faisant rebondir les images. Derrière eux, les murs sont désespérément vides. Mais ils se remplissent d'images naissantes. Ici et là, le spectateur construit ses propres résonances. Jusqu'à ce que cet itinéraire s'arrête dans une sorte de capharnaüm un peu abrupt qui colle moins avec la douce progression émotionnelle et scénique de l'ensemble. Une fin en forme de rupture voulue consciemment par le metteur en scène: «La reconstruction fonctionne un moment. Mais vient un temps où il faut sortir violemment d'un deuil trop doux et accepter la disparition.» Une pâle copie ne remplacera jamais le tableau, on ne compense pas l'absence. Bienvenue dans le vide, cet espace de tous les possibles."

Extrait du Le lent chemin vers la disparition
De Gaëtane Reginster
La libre Belgique
19 novembre 2005





Production: Théâtre de Namur || En Compagnie des Loups



Link: Théâtre de Namur / Grand Manège / 2005-06
Link: Musée Félicien Rops / 2005-06









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